Je suis de celles... mais ça c'était avant...
Publié le 13 Février 2016
Je suis de celles qui pensait reproduire son modèle éducatif reçu... Et je suis devenue mère.
Je suis de celles qui, dans sa jeunesse, a pu dire "Une fessée n'a jamais tué personne"... Et j'ai appris: 2 enfants morts quotidiennement en France. Triste réalité.
Je suis de celles qui, dans son enfance, a subi des paroles humiliantes sans se rendre compte de leurs portées dévastatrices... Et je me suis tout pris en pleine figure pendant ma grossesse ; tout s'est éclairé lors de nuits cauchemardesques.
Je suis de celles à qui on a dit "Laisse-le pleurer, ça lui fera les poumons"... Et j'ai porté mon bébé, j'ai cajolé mon bébé, j'ai choyé mon bébé, convaincue de ne pas lui donner de "mauvaises habitudes".
Je suis de celles qui avait des certitudes et des incertitudes... Et la maternité a tout chamboulé : les certitudes sont devenues incertaines, le doute perpétuel et la remise en question quotidienne font désormais partie intégrante de ma vie ; Une seule certitude m'habite : celle de me dire que la bienveillance et la non-violence sont la voie sur laquelle je me suis engagée et je ne me vois pas bifurquer.
Je suis de celles qui pensait que le cododo était une tendance boboïsante... Et j'ai dormi avec mon bébé.
Je suis de celles qui raisonnait en mode "autorité", "discipline" et "enfant roi"... Et j'ai remplacé cela par "neurosciences", "bienveillance", "relation gagnant-gagnant".
Je suis de celles qui croyait que les besoins fondamentaux d'un bébé se résumaient à "manger" et "dormir" (le concept du tube digestif vivant...)... Et quand mon fils a fait de moi une maman j'ai eu la révelation que l'affection et l'entretien du lien d'attachement c'était ça LE besoin primaire par excellence ; celui qui, loin devant, surpasse tous les autres.
Je suis de celles qui riait en voyant agir et réagir les "mamans poules"...Et je suis devenue "maman louve", "maman koala", "maman lionne", "maman galinacé", maman "touche pas à ma vie, mon sang, ma chaire".
Je suis de celles qui pensait que la super cape était livrée en même temps que les vergetures, kilos en trop, cicatrices et autres épisiotomies... Et j'ai appris à lâcher prise.
Je suis de celles qui croyait assurer sur tous les fronts... Et j'ai priorisé ma vie.
On ne naît pas maman, on le devient.
Grossesse et accouchement ne nous apportent pas la connaissance, mais nous donnent la soif d'aller vers elle et la force de la laisser venir à nous. Car oui, la connaissance parfois peut faire mal. La remise en question est perpétuelle.
Les informations sur les conséquences des VEO (Violences Educatives Ordinaires) et la maturation du cerveau de l'enfant ne sont pas encore livrées en kit... à nous de faire en sorte qu'elles le soient.
Car ça, c'était avant! <3
Soline