Celui qui s'endormit seul, calme et confiant
Publié le 20 Mars 2016
Mon ainé, 3 ans, a depuis ses premiers jours de vie eu beaucoup de mal à lâcher prise pour se laisser aller face au sommeil. Il n'a jamais eu besoin de beaucoup d'heures de sommeil, c'est son rythme. Ce qui rendait le dodo très singulier à la maison c'était sa difficulté à se laisser aller. Jusqu'à 9 mois environ mon fils arrivait à s'endormir seul, sans aucun problème, bien qu'il luttait et luttait encore pour ne pas se laisser aller. Puis, à partir de cet âge, il n'a plus réussi à s'endormir seul.
Nous ne l'avons jamais laissé pleuré, nous l'avons toujours accompagné. Les choses se sont faites petit à petit. Au départ il s'endormait avec nous à ses côtés, corps contre corps, coeur contre coeur, chaleurs enveloppantes... Puis nous sommes restés à ses côtés dans sa chambre, sur une chaise ou sur une banquette (canapé lit) que nous avions installées. Il a toujours su que nous serions auprès de lui s'il en ressentait le besoin. Et effectivement c'était bien un BESOIN dont il s'agissait. Celui d'avoir son papa ou sa maman près de lui pendant sa phase d'endormissement. Effectivement j'ai dû renoncer à mes soirées, mon mari aussi... mais quelle est la valeur de soirées "tranquilles" quand votre petit coeur a besoin de vous? Ce n'est pas un sacerdoce, c'est inscrit dans ma chaire.
Cela a donc duré deux ans. Deux années à rester près de mon tout petit pour qu'il se laisse aller à s'endormir à la sieste et lors du coucher du soir. Deux années à lui donner ce dont il avait besoin: notre présence. Le réservoir affectif s'est rempli. L'indicateur de confiance a gravi les échelons petit à petit. De temps en temps nous lui disions qu'un beau jour il serait capable de s'endormir seul, que nous avions confiance en lui. Nous avons tenté plusieurs fois, en douceur, de quitter la pièce avant son endormissement. Il savait qu'il pouvait compter sur nous. A ce propos, une fois j'ai quitté sa chambre en lui signifiant que s'il avait besoin de quoique ce soit il pouvait m'appeller, je viendrais. 5 minutes plus tard, une petite voix m'a appellée. "De quoi as tu besoin mon coeur?" "Maman, j'ai besoin de toi". Tout était dit. Je suis restée.
Un beau jour, peu avant ses 3 ans; il s'est endormi seul plusieurs soirs de suite. Il a, seul, pris l'habitude de son petit rituel (prendre des livres dans son lit, gérer sa lumière). Depuis, il gère son endormissement tout seul, calme, apaisé, confiant, serein. Cette étape a été franchie sereinement, en douceur, sans forcer.
Nous lui avons donné de mauvaises habitudes? Si remplir le réservoir d'amour de mon fils est une mauvaise habitude, alors je réponds que oui. Si renforcer le sentiment de confiance qu'il a envers nous ses parents est une mauvaise habitude, alors je réponds que oui.
Alors, oui, cela n'a pas toujours été facile car cela a été fort chronophage. Oui j'ai douté, me demandant parfois où cette situation nous mènerait. Mais aujourd'hui, avec le recul, je peux dire que je suis fière. Fière de ne pas avoir laissé mon enfant pleurer. Fière d'avoir su écouter les besoins de mon enfant. Fière d'avoir rempli son réservoir. Fière qu'il sache aujourd'hui qu'il peut compter sur moi et avoir pleinement confiance.