[StopVEO] Si chacun restait spécialiste de sa spécialité, cela éviterait à un laboratoire pharmaceutique d'encourager le 5/10/15 (laisser pleurer)
Publié le 1 Novembre 2016
Ce matin je découvre la notice d'un médicament : l'Atarax (parfois prescrit chez les enfants pour des problèmes liés à l'endormissement, entre autres...). Celle-ci est disponible ici. Le but de ce billet n'est pas de débattre ou non du bienfondé de l'administration de tels médicaments... mais d'attirer l'attention sur la dernière partie de cette notice. Je vous laisse découvrir en images.
Donc si je résume, on a ici un laboratoire pharmaceutique qui s'octroie le droit de donner des "conseils comportementaux". Pour moi un laboratoire pharmaceutique est un spécialiste des médicaments qu'il conçoit et fabrique... Depuis quand est-il calé en comportement de l'enfant? Je souhaite mettre la lumière sur deux choses:
1. Je ne vois pas en quoi des conseils comportementaux ont leur place dans une notice de médicaments. Chacun son métier.
2. Ensuite, d'après ce que je lis, les connaissances des concepteurs de cette notice sont très loin d'être à jour. En effet, les conseils prodigués ne prennent pas du tout en compte les dernières avancées de la recherche en neurosciences.
Morceaux choisis
Voici quelques morceaux choisis pour celles et ceux qui n'ont pas eu la force de lire
" L’enfant hurle, sort de son lit, tape à sa porte, vous rejoint, se fait vomir, fait une crise de colère, réveille les voisins…
Ne cédez pas, appliquez la méthode.."
" Utilisez la chambre comme « contenant ». Vous devez contrôler la porte et visiter l’enfant si nécessaire, mais non le contraire. Vous pouvez maintenir la porte fermée à l’aide d’un scratch placé à l’extérieur de la chambre qui permettra d’éviter à l’enfant de chercher la solution à l’extérieur de son environnement de sommeil."
On trouve également un tableau notant le minutage des séquences... En d'autres termes on retrouve ici la méthode du 5/10/15...
[Tableau extrait de la notice patient ATARAX]
Quelques conseils sont justes et judicieux... mais noyés au milieu de conseils qui sont dangereux pour l'enfant. J'explique pourquoi.
Pourquoi est-il préférable de ne pas laisser pleurer un enfant?
Je vais me contenter ici de citer Catherine Gueguen, auteure de Pour une enfance heureuse, et interviewée dans la magazine Kaizen (Hors série n°5).
"On apprend en outre que les relations affectives vécues dans la petite enfance vont déterminer et modeler totalement le cerveau de l’enfant, en profondeur, tant au niveau intellectuel, qu’affectif. Ce que vit l’enfant aura une influence considérable sur la sécrétion de molécules cérébrales sur le développement des neurones, sur la myélinisation, sur les structures et circuits cérébraux, sur l’axe régulant le stress et sur l’expression de certains gènes. Les neurosciences affectives et sociales nous enseignent également tout ce qui favorise et ce qui entrave le développement de l’être humain. C’est une relation empathique, aimante, soutenante et bienveillante qui permettra un bon développement du cerveau. Il est essentiel de « materner » un enfant – terme qui peut selon moi s’appliquer aussi bien à la mère qu’au père. Le materner c’est prendre soin de lui, le consoler, le rassurer, le sécuriser, et ceci à tout âge. Cela engendre une sécrétion de molécules cérébrales très importantes qui font maturer le cerveau comme le démontrent des recherches récentes menées par une jeune suédoise, Anne-Laura van Harmelen, et un jeune japonais, Testsuo Kida."
Laisser pleurer un enfant dans le but qu'il s'endorme seul a des conséquences délétères : sécrétions en excès de molécules de stress, de cortisol, d'adrénaline.
J'entends d'ici l'argument qui me dira que ça marche. Et oui, laisser pleurer son enfant ça fonctionne. Pourquoi? Lorsqu’on ne répond pas aux pleurs du bébé, à ses différents appels, celui-ci se coupe progressivement de ses émotions. L'effet est qu'il cesse de pleurer... et devient "sage". Mais les conséquences invisibles sus-citées sont bel et bien présentes.
Que faudrait-il faire alors?
Un bébé ne pleure pas sans raison. Il n'est pas non plus capable de s’apaiser seul. Le rôle de l'adulte est de le sécuriser, le réconforter, le consoler, entretenir le lien d'attachement, le rassurer, lui remplir son réservoir d’amour.
Répondre aux besoins de l'enfant permet à l’enfant de construire un attachement sécure, en d'autres termes : les bases d’une sécurité intérieure épanouie.
Pour compléter je vous repartage un document que j'avais réalisé et partagé ici.
Et je termine avec une courte vidéo éloquente.