[Humeurs] A défaut d'être PARFAITS, nous sommes déclarés COUPABLES d'être parents
Publié le 11 Août 2017
Au début j'ai cru...
Quand mon fils aîné est né et que j'ai lu mes deux premiers livres dits de parentalité positive (Au cœur des émotions de l'enfant et J'ai tout essayé, tous deux d'Isabelle Filliozat), j'ai eu une révélation. Je ne voulais pas reproduire les schémas éducatifs que j'avais moi-même reçus... je voulais faire autrement... et cette littérature me laissait entrevoir que c'était possible. Quelques livres, sites et blogs, plus tard, voilà que j'étais persuadée qu'il y avait des méthodes, des techniques. Il fallait dire "Stop" au lieu de "Non", utiliser le "Je", parler en utilisant des phrases affirmatives en envoyant valser la négation. Magique. Facile.
Illusoire surtout.
Au départ, je n'ai pas saisi l'essence même de la parentalité bienveillante, positive, non violente. Je préfère d'ailleurs dire "parentalité respectueuse". C'est au fil des mois que j'ai compris, que tout cela a mûri dans ma tête. Et finalement, c'est ce cheminement que je trouve central lorsqu'on aborde ce type de parentalité. Car si on ne plonge pas au cœur de la substance et de la quintessence du sujet, on nie l'essentiel, on ne le comprend pas... et au final on risque de le rejeter un jour, comme je peux le lire ici et là ("ça ne marche pas").
Mais finalement l'accompagnement respectueux, qu'est-ce?
Aujourd'hui je préfère parler d'accompagnement plutôt que d'éducation d'ailleurs...
L'accompagnement respectueux, ou parentalité positive, c'est une posture, un état d'esprit. Ce n'est pas un ensemble de méthodes. Penser cet accompagnement en termes de techniques biaise le raisonnement. D'une part, avoir une idée préétablie de ce que l'on veut faire ou faire faire à l'autre, c'est déjà ne pas être dans une relation égalitaire. D'autre part, croire que les méthodes fonctionnent (ou qu'elles ne "marchent pas") c'est partir du postulat que tous les enfants sont les mêmes, que les situations sont similaires... Et c'est faux.
La parentalité bienveillante impose dans un premier temps de sortir du jugement. Jugement de son enfant, de soi, des autres...
C'est une posture qui respecte la tête, le corps et le cœur. Tout tourne autour de la notion de respect. Respect de l'enfant dans son intégrité morale et physique, dans son développement, dans ses besoins.
La notion d'égalité est aussi importante. On fait confiance à l'autre.
Et bien sûr il y a l'amour inconditionnel, cher à Alfie Kohn.
Le mythe du parent parfait, l'effet écran
Le parent parfait n'existe pas. Ce n'est pas un scoop.
Les personnes que vous croisez quelques minutes, peuvent donner à voir ce qu'elles veulent. Même ce que vous pouvez lire sur l'Internet est tronqué. On appelle cela "l'effet écran". Faire de jolies photographies sur Instagram avec un intérieur bien rangé, poster des statuts Facebook où tout est magnifique, écrire des billets sur des blogs où tout est beau et rose, où les licornes font de cacas arc-en-ciel et pètent des paillettes... tout le monde peut le faire. Et souvent cela relève d'un choix, clair et assumé. Ce n'est pas un mal en soi. Il faut juste que les différents acteurs entrant en jeu en soient conscients. Je m'adresse à vous, lecteurs, ce que vous voyez ou lisez n'est qu'UNE réalité, ou tout au moins une partie de celle-ci.
Quand je crie sur mes enfants je ne fais pas un statut sur Facebook. Au contraire, je préfère partager mes réussites, mes petites astuces, mes pensées positives. C'est un choix. Mais gardons en tête que tout le monde a ses failles. Ses faiblesses. Ses moments de fatigue.
Laetitia Hervy, accompagnante parentale, dit, à juste titre que "le syndrome de l'imposteur, n'est qu'une imposture". Chacun est légitime pour parler de ses forces et ses faiblesses. La condition est d'être honnête, sincère. En toute humilité.
Il y a une pensée, lue dans un livre d'Arnaud Deroo, que j'avais beaucoup appréciée et que je transmets très souvent à l'évocation des parents parfaits. Un enfant n'a pas besoin de parents parfaits. Il a besoin de parents authentiques. Comme lui.
La culpabilité
Très souvent, quand je rencontre des gens et que mes enfants ont des réactions d'enfant (entendez par là: difficulté à appréhender la frustration, crise...), mon interlocuteur me confie être rassuré. Sur Internet, les réseaux sociaux en particulier, on évoque des phrases ou billets qui font déculpabiliser. J'aimerais que l'on s'arrête un bref instant sur cette notion. Pourquoi toujours voir la culpabilité comme une notion négative? On se sent coupable si l'on pense que l'on a quelque chose à se reprocher, n'est-ce-pas? Alors, si on prend cette culpabilité pour en faire une force, en quoi est-ce négatif? En quoi est-ce un mal, si, au final, on cherche à s'améliorer?
Se planter.
Culpabiliser.
S'interroger.
Apprendre.
S'améliorer.
Elle n'est pas là la clé ?