[Humeurs] 'Maman, je sais que tu n'aimes pas jouer aux voitures...'
Publié le 12 Août 2017
Offrir du temps à notre enfant c'est bien là le plus beau des présents... Mais doit-on se forcer à jouer?
Si vous avez lu les ouvrages d'Isabelle Filliozat, la figure phare de la parentalité positive en France, vous savez certainement que l'amour est le carburant de l'enfant... et que pour remplir le réservoir affectif de ce dernier, 10 minutes par jour d'un temps de qualité et d'exclusivité peuvent être suffisantes. Isabelle Filliozat stipule que « quand les besoins de contact de l’enfant ne sont pas suffisamment remplis, ses circuits cérébraux sont en manque. Crises de rage, de pleurs pour un rien, comportements excessifs sont autant de manifestations de détresse du système nerveux. Echanger des « je t’aime », faire un câlin ou jouer ensemble charge l’organisme en ocytocine, l’hormone du bonheur. »
ça c'est la théorie. Parfait. Et en pratique? Si je n'ai pas envie de jouer aux petits chevaux, est-ce grave? Dois-je culpabiliser si j'ai horreur des jouets d'imitation? Cela fait-il de moi un mauvais parent si je déteste les activités artistiques et n'ai moi-même aucune créativité? Devrais-je me forcer sous prétexte qu'il est de mon devoir de remplir le réservoir affectif de mon enfant? Ma réponse est sans équivoque. NON!
Prendre soin de l'enfant et lui accorder du temps, c'est possible... tout en s'écoutant soi-même. Il n'est pas nécessaire d'effectuer une longue démonstration pour affirmer que je ne peux décemment pas m'occuper de mon enfant dans une ambiance saine et sereine si j'aborde un temps de partage avec dégoût, déplaisir, amertume, spleen, répugnance, aversion. Alors comment ai-je fait pour trouver des moments exclusifs de partage tout en écoutant mes goûts et dégoûts? Tout simplement: j'ai cherché. Je n'ai jamais culpabilisé de ne pas aimer certaines choses... et je me suis attachée à le verbaliser à mon enfant tout en partageant d'autres activités.
Ainsi, il y a une chose que je déteste plus que tout: jouer avec des engins qui roulent, train, petites voitures et autres camions et bus... Mon fils le sait, je lui ai toujours dit. "Je n'aime pas jouer avec les véhicules roulants, mais cela me ferait plaisir de jouer avec toi aux Kapla", "Comme tu le sais je n'aime pas jouer à faire rouler le train, mais je serais ravie de t'aider à construire le parcours de rails". Il arrive un âge où l'enfant peut entendre le besoin et les goûts du parent aussi; il est à même d'être à l'écoute de son parent si celui-ci l'est pour lui. Très souvent mon enfant me dit "Maman, tu n'aimes pas jouer aux petites voitures... peut-on trouver un jeu à faire ensemble?". On cherche et bizarrement on trouve.
Pour moi, jouer avec mon enfant ne doit pas relever d'une obligation ou d'une corvée. Lâcher prise, se faire plaisir, penser à soi aussi.
Et puis "jouer" ça peut vouloir dire tellement. "Passer un temps de qualité", ça peut recouvrir des données très éclectiques. Par exemple, chaque soir, nous préparons le repas du dîner ensemble. C'est un temps très important pour nous, un moment de la journée où l'on ralentit, où on échange. De la mixture à défaut de jouer aux petites voitures!
Vous n'aimez pas jouer à la poupée? Peut-être adorerez vous dessiner...
Vous n'aimez pas les jeux de société? Peut-être proposerez-vous une bataille de polochon et autres jeux de chahuts...
Vous n'aimez pas jouer aux Playmobils? Peut-être qu'une session chant et danse vous siérait...
Vous n'aimez pas faire un puzzle? Peut-être qu'un instant de malaxage de pâte à modeler vous conviendrait...
Vous n'aimez pas vous déguiser ou faire prendre vie à des marionnettes? Peut-être que vous pouvez vous essayer à une bonne partie de cache-cache...
En bref, jouer avec son enfant c'est aussi se faire plaisir. Il faut savoir penser à soi aussi. Je suis certaine qu'en cherchant un peu, chacun pourra trouver une activité qui lui plaît, adaptée à l'âge de l'enfant et au moment de la journée.