[Education] Ton corps t'appartient: Apprendre à dire Non et Accepter le Non
Publié le 22 Octobre 2017
L'actualité judiciaire ou les expériences sociétales sur les réseaux sociaux (cf. #metoo, #moiaussi) font de plus en plus prendre conscience aux gens que l'éducation au (non) consentement se doit d'être une priorité. Je me souviens d'une chanson apprise il y a 25 ans : "Mon corps c'est mon corps, ce n'est pas le tien".
Refrain
Mon corps, c'est mon corps, ce n'est pas le tien
Tu as ton corps à toi, laisse-moi le mien
1- Mon corps peut sauter, courir et danser Il s’élance dans les airs et retombe sur ses pieds.
2- Ton corps peut jouer à tout ce qui lui plait Mais il te dit ce qui lui déplait.
3- Quand on me touche, je sais c’ que ça me fait Je sais c’ que je ressens et c’ que je ressens est vrai
4- Parfois c'est dur de savoir dire non Mais quand ça me fait « non », je sais que j'ai raison
5- Et quand tu me touches, je sais c’ que ça me fait Quand je te dis « non », laiss’-moi donc s'il te plait
6- Mon corps me sert à faire ce qui me plaît Ne le force en rien et ne le brusque jamais
7- J’ n'aime pas que tu me pousses, que tu m’ frapp’s trop durement Et si tu me serres, fais-le donc doucement
8- Garder un secret peut être amusant Vaut mieux cependant dir’ ce que l'on ressent
9- Mon corps est à moi, à moi rien qu'à moi Il faut que j'en prenne soin, puisqu'il est à moi
Paroles et musique: Peter Alsop
Paroles supplémentaires : Green Thumb Théâtre
Adaptation française : Jean-Pierre Brosseau
Arrangement musical: Bruce Ruddeil.
Cela fait des décennies donc que l'on tente d'apprendre aux enfants que leur corps leur appartient. Mais, la preuve en est, cela n'est pas suffisant!
L'éducation est la clé, j'en suis certaine. Pourtant, trop peu de personnes se sentent investies dans cette mission. Les uns pensent que cela relève de l'éducation des filles, il faut leur apprendre à dire non. Les autres pensent que cela concerne en priorité les garçons, qu'il faut éveiller au respect. Certains croient que cela ne concernent que les accompagnateurs d'enfants au sens strict, les parents et les enseignants par exemple. Mais en fait... TOUT LE MONDE a un rôle à jouer. Et pas des moindres. Il ne s'agit pas de cibler cette éducation, plus en direction des garçons que des filles, il ne s'agit pas de croire que c'est seulement à la maison ou à l'école que cet enseignement peut se faire. Cela nous concerne TOUS, et en TOUS LIEUX.
Je m'explique. Il y a quelque temps j'ai partagé ce visuel sur la page Facebook du blog.
Le message est clair: forcer un enfant à faire un bisou ou un câlin peut lui envoyer le message qu'il n'est pas maître de son corps. Quelques commentaires m'ont alertée. "Oui mais je suis sa mamie, il peut bien faire un bisous à mamie quand même, je ne suis pas une étrangère". Et c'est bien là que le bas blesse. Même un bisous forcé à mamie, si l'enfant ne le veut pas, c'est lui faire passer le message que son corps ne lui appartient pas. Il est entre les mains de la toute puissance de l'adulte. Adultisme quand tu nous tiens... L'enfant peut tout à fait dire bonjour en saluant d'un geste de la main, en le verbalisant, sans forcément faire ni accepter un bisou.
En bref, il s'agit d'apprendre aux enfants à dire "Non'"... mais il s'agit d'apprendre aux autres aussi à entendre et accepter ce "Non"!
Autrice : Elise Gravel. Utilisation commerciale non autorisée.
Auteur: Curium Magazine
Alors oui, on peut toujours montrer de jolis visuels aux enfants, tels ceux qui précèdent, c'est un grand pas. A ce sujet, je vous renvoie vers le site du Conseil de l'Europe qui propose beaucoup de ressources. Mais en réalité je suis convaincue que c'est la société dans son ensemble qui doit se remettre en question. Le rapport au corps, à l'acceptation du "Non", à la relation trop souvent hiérarchisée verticalement entre l'adulte et l'enfant... c'est tout ceci que je propose de repenser.
Alors je fais quoi?
- Lors d'un jeu de chahut et de chatouilles, quand mon enfant exprime une gêne et son souhait de stopper, j'arrête.
- Je ne force pas à faire/recevoir un bisou ou une étreinte qu'elle vienne d'un adulte ou d'un enfant.
- Je verbalise (voire demande l'autorisation) à mon enfant pour effectuer un geste de soin sur lui.
- J'essaie de repenser notre rapport au corps, à l'image... Cela peut paraître extrême mais nous avons fait le choix de ne pas indiquer le poids de naissance de nos enfants sur leurs faire-parts de naissance. Après tout, est ce que je demande le poids des gens que je rencontre?
- Je montre l'exemple à nos enfants en ne participant pas à ce harcèlement sexuel ambiant, que ce soit directement ou indirectement (en riant d'une situation de harcèlement à la télévision par exemple), en le dénonçant aussi.
Ceci est ma réflexion. Je pense vraiment que TOUS nous sommes investis de cette mission d'éducation au (non) consentement. Après tout, ne faut-il pas tout un village pour élever un enfant?