[Humeur] 'Toi, adepte d'éducation non-violente, tu n'as jamais eu envie de passer à l'acte?'
Publié le 24 Juin 2017
Discussion avec une collègue sur nos emplois du temps respectifs. Je lui parle d'un rendez-vous avec un groupe de parents ayant fait le choix d'une éducation non-violente. Ma collègue me pose alors cette question:
"Toi, adepte d'éducation non-violente, tu n'as jamais eu envie de passer à l'acte?"
J'ai trouvé sa question intéressante et révélatrice du fond de la pensée de certaines personnes. Je publie donc ici peu ou prou la réponse que j'ai formulée.
La réponse est OUI!
OUI mon cerveau a déjà formulé l'information d'imagination de passage à l'acte..
OUI j'ai pensé lever la main sur mon enfant. J'ai même imaginé le jeter contre le mur voire le passer par la fenêtre.
C'est violent n'est ce pas?
Que l'on prône l'éducation respectueuse et non-violente, ou non, on reste humain. Avec ses envies, ses besoins, ses emotions, ses ressentis, sa fatigue, son seuil de tolérance, son enfant intérieur, son histoire... Nous sommes des êtres humains, pas des robots. "Soyez indulgents à votre égard. Il s'agit de ne pas porter de jugement sur vos pensées ou vos fantasmes ; ils ne sont pas l'expression authentique de la personne que vous êtes ni du parent que vous souhaiteriez être", écrit Naomi Aldort (Éduquer ses enfants, s'éduquer soi-même). Donc autorisons-nous à avoir des pensées non conformes à nos valeurs profondes et intrinsèques!
Mais il y a une différence entre penser faire quelque chose et le réaliser. Même si le cerveau formule cette volonté de passer à l'acte (comme une sorte de pulsion) il est nécessaire que ce même cerveau n'envoie pas l'information dudit passage à l'acte. Et c'est là que l'opération devient difficile...
Comment faire? Les outils sont nombreux mais cela demande un travail important.
Pour ma part, je laisse s'exprimer dans ma tête toutes ses pensées, laisse défiler les images de cris, menaces, violences physiques. Puis les quelques connaissances que j'ai pu acquérir sur le fonctionnement du cerveau de l'enfant arrivent en force. Selon la situation je ne mets pas en œuvre les mêmes stratégies (travail sur moi pour faire redescendre ma colère, gestion de la crise de mon enfant par divers moyens...).
En bref, OUI j'ai déjà eu des envies de violence. Être parent qui s'engage dans une éducation non-violente ne veut pas dire être un robot, une machine, un maître zen, un ayatollah du self-control. Non! C'est être humain, avec ses forces, ses faiblesses, mais avec toujours l'envie et l'espoir de faire mieux.