Connaissez-vous la résignation apprise ou impuissance acquise/apprise ?

Publié le 22 Septembre 2021

Connaissez-vous la résignation apprise ou impuissance acquise/apprise ?

(traduction de learned helplessness effect)

 

 

 

Qu'est-ce que la résignation apprise ?

 

Un sentiment d'impuissance

Dans le cadre scolaire, la résignation apprise ou learned helplessness effect désigne le sentiment d'impuissance éprouvé par un élève. Celui-ci se sent incapable de comprendre une explication ou de réaliser un exercice même s'il dispose des compétences suffisantes.

 

Une illusion d'incompétence

Parfois liée à un faible niveau scolaire, la résignation apprise peut aussi n'être qu'une illusion d'incompétence. Ce jugement d'incompétence peut être partagé par les professeurs qui, en raison de l'inertie de l'élève, finissent par conclure à son incapacité à comprendre. La résignation apprise des élèves est une des explications de leurs difficultés scolaires.

 

Un comportement acquis en classe et réversible

La récurrence de notes faibles, propres à l'école française, et les jugements scolaires dévalorisants favorisent la résignation apprise. Les élèves confrontés à des explications ou exercices trop difficiles compte tenu de leurs compétences risquent aussi de développer une résignation apprise, parfois dès la maternelle. De la sixième à la troisième, la baisse de l'estime de soi des collégiens résulte d'une éventuelle résignation apprise. Pour réduire celle-ci, le professeur doit restaurer chez l'élève son estime de soi scolaire, notamment à partir de situations d'apprentissage valorisantes.

Source : Pierre Merle, Parlons école en 30 questions, 2021

 

 

 Il s'agit de la perte de confiance en ses capacités à réussir en mobilisant ses efforts suite à des échecs répétés ou à une absence de retour sur investissement.

 

 

Une vidéo pour comprendre (ou faire comprendre) ce qu’est l’impuissance apprise


Dans cette vidéo (disponible en ligne sur des sites tels Youtube) on peut voir une enseignante, Charisse Nixon (Pennsylvanie), proposer un exercice à ses étudiants. Chacun d’eux reçoit une feuille sur laquelle sont notés trois mots. Le but est de trouver une anagramme pour chacun de ces trois mots. On commence avec le 1er mot. Dès que les étudiants ont trouvé l’anagramme ils doivent lever la main. Très rapidement, la moitié de la classe lève la main. Pas l’autre. On passe alors au deuxième mot. Même cas de figure. La même moitié de classe lève la main rapidement. L’autre moitié semblant dépitée. Passant au troisième mot, seuls les élèves qui avaient trouvé les deux anagrammes précédentes ont réussi. Pourtant le troisième mot était le même pour tous ! En réalité, le groupe qui n’a pas levé la main avait des mots irrésolvables. Ils font ici l’expérience de l’impuissance apprise.

 

D’où ça vient ?

 

Concept théorisé par le psychologue comportementaliste américain Martin Seligman, un des premiers à s’intéresser aux « modifications comportementales induites par l’exposition à l’incontrôlabilité ». Dans les années 60-70, Seligman montre qu’un animal exposé à de petites décharges électriques incontrôlables s’enfonce dans l’apathie et la résignation et ne discerne plus les moments où il peut contrôler la situation.

 

Le sujet intègre durablement que ce qui lui arrive est indépendant de son comportement, ce qui a trois conséquences :

 

- il a du mal à comprendre qu’il peut avoir prise sur les événements (déficit cognitif)

 

- sa motivation baisse fortement, il n’émet plus de réponses volontaires (déficit motivationnel)

 

- il s’enfonce dans une forme de dépression (déficit émotionnel)

 

 

 

 

Comment lutter contre l’impuissance apprise (à l’école) ?

 

- Travailler la confiance en soi, l’estime de soi, l’encouragement.

- Faire en sorte qu’il existe des réussites régulières (par la différenciation, etc.).

- Développer les compétences psycho-sociales (exemples de ressources https://sites.google.com/irepsna.org/laboiteaoutilscpsirepsna )

 

 

 

 

Les ressources en ligne sont nombreuses.

Voici un article intéressant (mais difficile) :

https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_1996_num_96_4_28925

 

 

 

 

La résignation apprise « est constituée par un état psychique où le sujet, d’une manière consciente ou inconsciente, ne pense pas que ses actions individuelles soient susceptibles de modifier sa situation. Ce sentiment, résultat d’un apprentissage inadéquat, favorise une passivité du sujet confronté à des situations ou événements pénibles. Dans le domaine scolaire, la résignation acquise se manifeste par un désinvestissement socio-cognitif, un sentiment d’incapacité, un découragement progressif lié à la récurrence des situations d’échec » (Pierre Merle).

Rédigé par Maman Chameau

Commenter cet article