Qui veut jouer avec moi ? de Lawrence Cohen (présenté par Isabelle Filliozat) - Livre sur la parentalité ludique!
Publié le 28 Mars 2014
Qui veut jouer avec moi ? de Lawrence Cohen (présenté par Isabelle Filliozat)
Un livre sur le parentage ludique !
Lors de sa conférence du 15 mars 2014 à Bordeaux, Isabelle Filliozat a évoqué cet ouvrage… Je me suis procuré cet ouvrage aux éditions JC Lattès et cela me permet aujourd’hui de vous en parler un peu plus… Ce livre a pour titre Qui veut jouer avec moi ? et est sous-titré « Jouer pour mieux communiquer avec nos enfants ». Voilà un titre accrocheur qui nous amène du côté de la parentalité ludique.
Son auteur, le Dr. Lawrence Cohen est un psychologue américain. Ce spécialiste du jeu des enfants et des thérapies par le jeu tient une chronique dans le Boston Globe et anime des ateliers de parentage ludique pour parents, enseignants et professionnels de l’enfance.
« Vous ne savez pas comment faire pour obtenir de votre enfant ce que vous lui demandez ? Le Dr Lawrence Cohen vous propose une approche originale : le jeu ! Il/elle est timide, réservé(e), a peu d’amis ? Là encore, jouer avec votre enfant peut l’aider à reconstruire sa confiance et assez d’aisance relationnelle pour aller ensuite vers les autres. Il/elle est agressif/ve, violent(e), s’enferme dans sa chambre ? L’auteur nous explique qu’il/elle exprime ainsi (paradoxalement) son besoin d’attachement. Et il nous raconte à l’aide d’une multitude d’exemples plus tendres et drôles les uns que les autres comment renouer avec votre progéniture. Lawrence Cohen fait preuve d’une merveilleuse compréhension de l’enfant et de ses besoins. Un livre qu’on déguste le sourire aux lèvres, tant les propositions sont justes et touchent le cœur. Apres l’avoir lu, vous ne verrez plus vos enfants de la même façon. Traduit de l’anglais par Marie Boudewyn » [Source : Ed. JC Lattès]
La préface d’Isabelle Filliozat donne le ton. La première phrase « Le parentage ludique de Lawrence Cohen en trois mots ? Jouer, jouer et jouer » introduit le fait que jouer permet de remplir le réservoir, de nourrir l’attachement. Jouer c’est donner de l’amour, donner du carburant. Jouer c’est écouter, c’est donner confiance.
Lawrence Cohen « rassure » les parents dès sa préface en notant que le jeu est sans doute une des aptitudes qui peut s’acquérir le plus facilement. A ce moment là, on sait que ce livre est clairement à la portée de tous. Il qualifie le jeu comme un besoin, même pour l’adulte.
Pourquoi avoir une approche de l’éducation par le jeu ?
Le Dr. Cohen énonce le fait que les adultes assimilent le jeu à un loisir… tandis que les enfants le prennent pour un travail. Ainsi, un enfant qui joue à lancer une balle est un enfant qui apprend à coordonner ses gestes… et qui accroît sa confiance en lui à mesure que son parent lui renvoie la balle en lui signifiant des « bravo ! ». « Coucou/Cache-Cache », « Faire semblant », autant de jeux qui permettent de restaurer l’harmonie, qui permettent un rapprochement entre les personnes. L’humour est la clé qui aide à résoudre bon nombre de situations. Enfin, le jeu a une autre fonction : récupérer d’un stress émotionnel. « Le parentage ludique commence par la volonté d’établir un contact avec l’enfant (…), et un désir de remplir l’enfant d’un amour infini, d’encouragements et d’enthousiasme. Un peu de détente, de décontraction – physique et mentale - seront les bienvenues. […] Comme le rire est la monnaie d’échange des enfants, nous avons tout intérêt à nous dérider. » (p.46).
Le fait qu’il soit difficile de « réintégrer un monde oublié » est évoqué. Ainsi, l’auteur aide à déculpabiliser : ce n’est pas évident de jouer, de se mettre à hauteur d’enfant. Et pourtant, il nous rassure sur ce point.
L’attachement
Jouer permet de remplir le réservoir, celui qui donnera à l’enfant toute la confiance dont il a besoin. Mais jouer c’est aussi se rapprocher, rentrer en contact avec quelqu’un (mimer les mimiques d’un bébé par exemple). L’imitation en miroir est d’ailleurs décrite comme un moyen privilégié d’entrer en connexion. Le jeu peut aussi être la solution quand le lien avec l’un des deux parents s’est distendu, du fait d’une absence professionnelle par exemple… Enfin, pour gagner en assurance, pour construire la confiance, le jeu est notre meilleur allié.
Le rire
Globalement, on peut résumer les choses ainsi : attachement + confiance = éclat de rire. « Un adulte qui exagère ou en rajoute fait rire un enfant à tous les coups ou presque. Faire l’idiot marche aussi très bien. Si vous voulez amuser un petit, ne parlez pas avec votre voix usuelle si vous pouvez faire une voix de clown, voire pas du tout si vous pouvez chanter. Ne restez pas debout quand vous tombez à la renverse. Grimaces et chutes sont des incontournables du déclenchement des fous rires, surtout chez les plus jeunes. Si cela vous gêne de vous donner en spectacle, prenez un animal en peluche ou une poupée et faites-lui dire des bêtises en prenant une fois loufoque. » (p. 131) Avec les plus grands, il faut un peu plus qu’une simple grimace ou une chute mais généralement l’exagération est un bon outil déclencheur de rire. Le Dr. Cohen propose aussi de se renseigner sur ce qui fait rire notre enfant afin de cerner au mieux son sens de l’humour, et ainsi à être plus apte à le faire rire à notre tour…
La lutte
L’auteur fait le distinguo entre : un parent et son enfant qui se bagarre dans le cadre du parentage ludique / se bagarrer pour rire entre enfants / une agression réelle / les jeux permettant de se dépenser. Il donne quelques astuces pour faire en sorte que la bagarre soit un facteur de rapprochement et soit un élément donnant de l’assurance. Ainsi, il évoque notamment comme point de départ « Les règles de la lutte selon Larry » qui s’adresse aux adultes :
1. Veiller à la sécurité de tout le monde 2. Saisir la moindre occasion de connexion 3. Chercher la moindre occasion d’accroître confiance et sensation de pouvoir chez votre jeune adversaire 4. Ne laisser passer aucune occasion de revenir par le biais du jeu sur des blessures anciennes 5. Résister à l’enfant autant qu’il en a besoin, ni plus, ni moins 6. Rester très attentif 7. Laisser l’enfant l’emporter (la plupart du temps) 8. Arrêter dès que quelqu’un se fait mal 9. Pas de chatouilles 10. Ne pas laisser nos propres émotions s’interposer
Des exemples de jeux de lutte sont détaillés.
Imaginer une autre réalité : inverser les rôles
Les différences faites entre les sexes sont évoquées. « Le parentage ludique préconise bien évidemment de rejoindre les enfants dans leur monde et de jouer avec eux. Peu importe à quoi : l’essentiel est de faire un effort pour donner du contact aux garçons et de l’assurance aux filles, de manière à ce que les uns et les autres développent à la fois leurs racines et leurs ailes. » (p. 219-220)
Les émotions
« Le parentage ludique implique de se préparer à accueillir des émotions intenses, depuis des petites contrariétés et frustrations jusqu’aux terreurs ou à une profonde tristesse. Ces émotions sont à la racine de bien de ces soi-disant problèmes de comportement qui agacent tant les parents. Le jeu libère des énergies positives telles que la joie, l’excitation ou la pétulance, et il faut avouer que ces dernières peuvent âtre aussi difficiles à gérer pour les adultes que celles qualifiées de « négatives ». Il suffit de songer au nombre de fois où nous disons « calmez-vous » à des enfants qui n’ont fait que rire et s’amuser de bon cœur. » (p. 326)
Avec le jeu, le Dr. Cohen énonce que l’on se doit d’accepter les émotions fortes, et cela est valable pour les enfants comme pour les parents : accueillir la colère, la rage, l’anxiété, les larmes…
Suivre les indications d’un enfant… (l’auteur rappelle et développe cinq principes de base à appliquer lorsque l’on emboîte le pas à un enfant et qu’on le laisse prendre les commandes) … ou rediriger le jeu ? Vaste question… Laisser les enfants dicter les règles ? Permettre la bagarre pour rire ? Comment gérer le parentage ludique au sein d’une fratrie ? Autant de questions auxquelles on trouve quelques pistes de réponse.
A propos de cet ouvrage j’émettrais quand même deux petits bémols. Tout d’abord, je trouve dommage que la parentalité ludique au sein d’une fratrie ne soit pas plus développée. D’autre part, je pense que la lecture de ce livre pourrait poser problème à des parents n’ayant pas l’habitude de « grosses » lectures, bien que ce pavé soit passionnant ! Peut être qu’une mise en page un peu plus organisée « problèmes / résolutions » aurait été la bienvenue.
En bref, cet ouvrage nous dévoile que le rire et le jeu désamorcent les situations conflictuelles ou compliquées, que l’humour est souvent la clé qui ouvre les portes de la sérénité. L’auteur nous apprend à nous faire confiance, et surtout à s’adapter au caractère de notre enfant.
Auteur(s) : Lawrence Cohen
Titre : Qui veut jouer avec moi ?
Editions : JC Lattès
Collection : Psy-Santé
Date de Parution : 05/2013
Code EAN/ISBN : 9782709642613
Hachette : 4553806
Prix public : 20.00 €
Format : 135 mm x 195 mm
468 pages
Pour aller plus loin :
- une interview d’Isabelle Filliozat dans laquelle elle évoque comment prévenir les colères et autres crises de rage grâce au jeu http://www.youtube.com/watch?v=_MNVOMkNkTo&feature=youtu.be
- une émission de radio http://www.youtube.com/watch?v=5UVhtU_Vy68
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