Maman, il est joli mon dessin ?
Publié le 3 Juillet 2016
.
Depuis quelque temps, dès que mon fils de 3.5 ans fait un dessin (et c'est très très rare), surgit la question :
"Maman, il est joli mon dessin ?"
Ce n'est pas tant la question qui me gêne, que son caractère insistant. Je suppose que c'est dans le cadre de sa scolarité (PS) qu'il a été familiarisé avec cette notion, car à la maison j'ai toujours essayé de me détacher de ce jugement pour encourager et valoriser sa créativité. Je vous explique rapidement pourquoi, en prenant appui sur les travaux de Jean Van't Hul.
Un dessin, une peinture, une image, une oeuvre quelle qu'elle soit, réalisée par un enfant va amener des foules et des foules de mots. Et c'est bien normal. Si je dis à mon enfant que son dessin est joli, je peux tout de même me demander ce que signifie joli? Jean Van't Hul écrit fort justement: "Et si vous ne vouliez pas que ce soit joli? Et si vous aviez bardé cette feuille de peinture rouge sous le coup de la colère? Et si vous aviez cherché à peindre quelquechose d'effrayant? joli, sympa ou bon sont des adjectifs dépourvus de sens que les parents et les enseignants prononcent trop souvent, en général parce que nous ne savons pas quoi dire d'autres. Nous avons besoin d'apprendre à parler du travail de nos enfants de manière constructive." Il en est de même de nos questionnements à l'enfant pour avoir des éclaircissements sur ce qu'il a dessiné. Quand on demande à l'enfant si c'est bien tel objet qu'il a dessiné ou ce qu'il a voulu représenter, on lui avoue clairement que l'on n'est pas en mesure de reconnaître ladite représentation. L'enfant a alors toute la légitimité de se sentir déçu et/ou frustré face à une réalisation qui lui semble pourtant claire. Poussé à son paroxysme, la conséquence pourrait être une perte de confiance en ses capacités créatrice et créative.
C'est bien joli (jeu de mot...), mais concrètement, comment faire? Comment je tente de faire pour essayer de ne pas trop saper la confiance en lui de mon enfant? Jean Van't Hul propose deux solutions, que j'ai suivies et appliquées depuis quelques années:
1. La description de l'oeuvre par l'adulte est l'une des clés que j'ai pu appliquer. Parler de ce que l'on voit, rien de plus simple! On peut décrire tant l'oeuvre finale que le processus. Et à la limite, un enfant sera plus receptif à la description du processus qu'à celle du résultat (préférant que l'on s'attarde sur comment il l'a fait plutôt que sur ce qu'il a fait) : "Je vois des grands traits rouges", "Je vois des nuances de bleu en haut", "Tu as fait de grands gestes", "Je vois que tu as mis de la peinture jaune, puis de la peinture verte, ça fait du bleu", "Tu dessines couché"...
2. La divagation de l'enfant sur son oeuvre est aussi très libre. Pour faire simple on demande à l'enfant: "Raconte-moi ton oeuvre". L'enfant est ainsi libre de nous raconter ce qu'il veut. Ce qui est intéressant c'est que la qualification d'un objet ne sera pas la même selon l'instant. Il est arrivé à mon fils de me dire "Là j'ai fait un soleil", et 5 minutes après de me dire que c'est une famille escargot partie à la recherche de la maman...
"La créativité, c'est inventer, expérimenter, grandir, prendre des risques, transgresser des règles, faire des erreurs et s'amuser." Mary Lou Cook
En résumé, voici quelques références non exhaustives pour parler des créations d'un enfant, d'après Jean Van't Hul :
Sources : Jean Van't Hul, Parents d'artistes, La Plage.