En ce mois de la journée internationale du droit des femmes, ma fille, je me bats pour moi, je me bats pour toi

Publié le 1 Mars 2016

Parce qu'on me demande à MOI si je prends un congé parental et pas à mon mari. Comme si le congé parental était inexistant chez les papas. Certes il est moins répandu mais il est bel et bien vivant!

Parce qu'une amie chère se fait interpeller violemment puis mettre la main aux fesses à la sortie d'un parking glauque... qu'elle me raconte cela le lendemain car elle a besoin d'exterioriser... et que les mots qu'elle prononce tournent autour du champ lexical du "je culpabilise".

Parce que quand j'ouvre un livret d'épargne à mes enfants, seule la mention "père" figure pour la signature. Il faut que j'ajoute moi-même la mention "mère" pour signer sous ma fonction. Le formulaire doit dater des années 50...

Parce que les médias, sous couvert de Buzz et de racolage, contribuent malgré eux à banaliser certaines atrocités dont le viol conjugal sur les femmes. Il suffit de lire dernièrement (samedi 27 février) l'appel au vote lancé sur Twitter par la série "Plus Belle la Vie". A la question "Qu'avez-vous pensé de la scène de viol conjugual diffusée hier soir?" (j'ai volontairement laissé la faute d'orthographe... conjugal ne fait pas partie de leur dico), il y avait 3 possibilités de réponses : "J'ai été horrifié(e)", "Coralie l'a cherché" et "Ce n'est pas un viol". Je veux bien entendre que chacun puisse s'exprimer... mais 2 possibilités de réponses sur 3 contribuent à cette banalisation. Imaginons une victime de viol conjugal qui tombe sur ce sondage... Ah tiens justement, je parlais de culpabilisation deux paragraphes au-dessus.

Parce que quand je reçois la facture de la crèche elle est au SEUL nom de mon mari alors que JE gère le côté administratif à la maison (d'un commun accord), que c'est moi qui amène et viens chercher ma fille dans cette structure, et qu'accessoirement je paie autant que mon mari.

Parce que les publicités sexistes j'en ai ma claque. Parce que les clips sexistes me sortent par les yeux. La femme libérée à l'aide d'appareils électro-ménagers tous plus fabuleux les uns que les autres. La femme objet. Voilà ce que peuvent voir nos enfants si on leur laisse visionner la télévision.

Parce que quand je vais chez un concessionnaire pour acheter ma dernière voiture, le vendeur ne s'adresse au départ qu'à mon mari alors que la voiture m'est destinée. Parce que quand je vais chez un concessionnaire pour choisir la dernière voiture de mon mari, seul lui a droit à un bonjour et aux honneurs de l'échange verbal.

Alors je ne cherche pas ici à plaindre qui que ce soit, homme ou femme, père ou mère. Je veux juste une reconnaissance commune de nos rôles. Valoriser chacun comme il le mérite sans que cela tourne à la guerre des genres. Je suis femme. Je suis mère. Je suis prof. Etc. Tout ça à la fois, ni plus, ni moins.

Je veux être un exemple pour ma fille. Lui montrer qu'on peut toujours avoir le choix. Qu'on peut lutter contre des situations qui nous offusquent. Je veux qu'elle sache qu'elle est l'égale de n'importe quel garçon. Que son corps lui appartient. Qu'elle n'aura pas besoin d'être jolie et parfaitement présentable "comme une fille" pour exister. Si elle décide de laisser ses jambes poilues et de ne jamais se maquiller, c'est son choix. Si elle veut faire ses ongles et s'habiller en jupe, c'est son choix. Si elle veut jouer au foot tous les soirs avec ses potes et se mettre des barrettes dans les cheveux, c'est son choix. Si elle veut faire de la danse classique et se traîner dans la gadoue, c'est son choix.

Je veux être un exemple pour mon fils. En prenant la problématique inverse, je ne veux pas qu'il souffre ou qu'il se sente enfermé des dans choix qui ne sont pas les siens de par sa condition de garçon. Je veux qu'il sache qu'il peut devenir un père présent, aimant, en charge de l'éducation de ses enfants, paternant, un papa-porteur, un papa quoi. Qu'il peut tout à fait être un conjoint aimant. Une personne respectueuse des hommes. Une personne respectueuse des femmes. Je veux qu'il comprenne qu'on ne peut indéfiniment enfermer les personnes dans des cases. OUI, hommes et femmes sont différents. C'est indéniable. Mais c'est toute la construction sociétale que l'on a bâtie autour de ces différences que je veux qu'il déconstruise. S'il veut pleurer, exprimer ses émotions "comme une fille", pas de problème, je l'y encourage.

Je veux que JAMAIS ma fille se sente lésée dans notre société de par sa condition de femme. Je veux qu'elle se sente libre, égale, heureuse, épanouie.

Je suis moi, elle sera elle, nous sommes femmes. Nous avons le choix et le pouvoir de décider.
En ce mois de la journée internationale du droit des femmes, ma fille, je me bats pour moi, je me bats pour toi

Rédigé par Maman Chameau

Publié dans #Inclassable

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L
Oui, il est difficile d'elever nos enfants sans qu'ils soient influencés par l'extérieur... quand j'entend mon grand de 5 ans me dire "c'est pour les filles", mon coeur se serre car cela ne vient pas de moi, mais de son papi qui lui a dit que le rose c'est pour les filles, de son assistante maternelle qui ne voulait pas que les filles jouent avec les pistolets en plastique et des tas d'autres exemples... Alors, a la maison, je redouble d'attention, je me bagarre (mais pourquoi dois je me bagarrer, ca ne devrait pas générer d'effort !) pour que mes garcons aient une dinette, une petite cuisine, un poupon...
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L
Très juste Lauriane, je pense que déja il faudrait qu'il y ait plus d'hommes dans les métiers de la petite enfance comme dans les crèches, aussi comme puériculteur, les écoles maternelles et tout ce qui se rapporte aux activités quotidiennes au domicile qui ne sont pas valorisées en France! <br /> Car cela passe par l'éducation et l'adulte reste un modèle pour les tout petits...
L
Tout très juste!! je fais circuler!<br /> merci beaucoup!
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